Urgence sociale

Retrouvez ci-dessous l’intervention de Pascal BUCHET, Maire de Fontenay-aux-Roses, Conseiller général des Hauts-de-Seine, lors du débat sur la prévention et la politique de la ville (séance du Conseil général du 25 novembre 2005).

Monsieur le Président,

Vous avez souhaité enfin organiser un débat sur le thème de "La prévention et la Politique de la Ville". Je vous en remercie même s’il est regrettable qu’il faille un tel déchaînement de violences pour que nous débattions de sujets aussi fondamentaux.

Depuis plusieurs semaines, des violences urbaines d’une ampleur inégalée sont commises dans notre pays et n’ont pas épargné notre département. Elles frappent d’abord nos concitoyens les plus modestes qui ont perdu leur voiture, leur outil de travail, leurs transports en commun, l’école ou le gymnase de leurs enfants.

Solidaires des familles et des villes touchées par les violences, les élus socialistes demandent officiellement à notre Assemblée départementale d’apporter une aide financière aux victimes, à l’instar de plusieurs collectivités territoriales.

Les élus socialistes rendent hommage au courage des élus locaux, des fonctionnaires de police, des pompiers, des associations, des travailleurs sociaux qui ont protégé la population, porté secours aux victimes et permis un retour au calme.

Ces violences sont inacceptables et inexcusables. Mais nous refusons de réduire ces événements à un problème d’ordre public alors qu’ils témoignent de l’ampleur de la crise sociale et des dégâts du libéralisme. Nous ne nous résignons pas à une société dominée par la loi du plus fort et le chacun pour soi. L’urgence sociale, c’est d’offrir un avenir aux habitants des quartiers populaires, qui ne doivent pas être mis au ban de la République. C’est de réaffirmer, dans les actes, que la jeunesse des quartiers populaires, si souvent stigmatisée ou renvoyée à la diversité de ses origines, a les mêmes droits et devoirs que tous les citoyens.

Vous qui avez instrumentalisé les peurs pour faire de l’insécurité le thème central de votre campagne électorale en 2002, vous vous révélez dans les faits incapables de garantir la sécurité et vous vous engluez dans le cycle violences-répression, répression-violences.

Depuis trois ans et demi, la violence s’est endurcie car votre gouvernement a réduit les effectifs de policiers là où ils sont les plus nécessaires, supprimé la police de proximité, licencié les emplois-jeunes, restreint la politique de la ville et des associations, défait les services publics, méprisé les besoins éducatifs, ignoré les élus locaux qui tiraient la sonnette d’alarme et favorisé le communautarisme.

Et vous tentez aujourd’hui d’exploiter politiquement les violences pour justifier la poursuite d’une politique qui a échoué. Le recours à des lois d’exception et à un état d’urgence signe votre échec. Nous récusons cette stratégie de tension délibérée à coup de provocations verbales stigmatisant l’ensemble de la jeunesse et des habitants des quartiers touchés par la ségrégation, désignant les immigrés comme boucs émissaires, en tentant d’éluder vos responsabilités - comme si vous n’étiez pas ancien ministre de l’intérieur ou de l’économie- en faisant le procès de la politique d’intégration et de la politique de la ville - y compris de PACTE 92 lancée avec notre soutien par votre prédécesseur - alors que les cités n’ont jamais eu trop de moyens supplémentaires, mais au contraire pas assez. Ceux qui sont en première ligne, professionnels comme bénévoles, n’ont pas été suffisamment soutenus et ils vous le disent.

Ce n’est pas seulement le problème des quartiers sensibles qui surgit brutalement. C’est celui des habitants qui souffrent des dégâts du chômage, de la précarité, des inégalités, de l’accumulation durable de la misère sociale et des discriminations. Beaucoup de familles de notre département sont en proie à des difficultés quotidiennes insupportables. Nombre de jeunes n’ont pour seul horizon que l’échec scolaire, la discrimination et le chômage. En ne s’attaquant pas aux problèmes de fond, l’idéologie libérale crée les conditions du désordre social.

Le résultat est celui d’une crise majeure, porteuse de tous les dangers pour notre pacte républicain. Des inquiétudes et des peurs légitimes risquent d’alimenter un terreau propice à la propagation du racisme et des idées d’extrême-droite.

Les élus socialistes sont déterminés à agir pour la tranquillité et la sécurité de tous. Pour être efficace contre l’insécurité, il faut être dur avec la violence et dur avec les causes de la violence. Nous combattons les comportements violents qui imposent la loi du plus fort et la négation de l’autre, qui se nourrissent de l’incivilité, de l’individualisme, du consumérisme, du machisme. Nous défendons avec fermeté des règles claires et justes, sans lesquelles il n’y a pas de vivre ensemble possible.

Nous combattons les inégalités et les injustices sociales qui, si elles n’excusent en aucun cas la délinquance, créent un terrain propice au développement de la violence.

Il faut répondre à l’urgence sociale

Sauf à connaître demain des échecs encore plus graves, un changement radical de politique est nécessaire pour assurer la tranquillité de nos concitoyens, mettre fin à la ségrégation urbaine qui produit des ghettos, combattre les inégalités scolaires qui empêchent toute égalité des chances, s’opposer aux discriminations qui renforcent les rejets.

Les élus socialistes des Hauts-de-Seine proposent une nouvelle politique tant nationale que départementale : 5 axes prioritaires

1. Un renforcement de la politique de la ville

L’Etat mais aussi notre conseil général doit garantir un engagement pérenne avec les communes concernées, autant en direction des habitants que des quartiers sensibles. Aux politiques de droit commun de l’Etat et du Département, qui doivent être déployées prioritairement dans ces quartiers, doivent s’ajouter des moyens pour donner la priorité à l’accompagnement humain des familles, à l’éducation, à l’animation culturelle et sportive. Bien que la politique de la ville ne soit pas une compétence légale du Conseil général, nous devons nous y impliquer massivement en fonctionnement comme en investissement à la hauteur de nos ressources (seulement 2,39 millions d’euros comme c’est le cas actuellement). Notre département en a les moyens, il nous faut de la volonté politique de le faire.

La politique de la ville c’est aussi le renforcement des services publics, partout et pour tous. Au lieu de cela, peu à peu, on a vu ces dernières années, les services publics s’affaiblir, reculer, entraînant avec eux le départ des services privés, des commerces, des professions libérales... et ce n’est pas leur mise en concurrence récente avec des entreprises privées telle que Manpower qui vont améliorer les choses.

2. Une véritable politique de sécurité pour tous et partout

Rétablir la police nationale de proximité dont la suppression depuis 2002 a été une grave erreur. En effet, les fonctionnaires affectés à cette mission avaient gagné peu à peu la confiance de nos concitoyens dans tous les quartiers et contribuaient aussi à la prévention de la délinquance.

Mais c’est aussi en inscrivant enfin notre département dans le cadre des Contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance et en travaillant avec le Procureur de la République une véritable justice de réparation pour apporter une sanction proportionnée et juste, efficace c’est-à-dire qui prévienne la récidive, notamment pour la délinquance des mineurs avec la PJJ, une échelle de sanction graduée, avec des peines réellement appliquées et le développement des sanctions alternatives à l’incarcération doit voir le jour.

Développer le travail de prévention : comme je le répète depuis 10 ans, il nous faut impérativement augmenter la présence d’adultes auprès de notre jeunesse au lieu de la réduire comme l’a fait le gouvernement en supprimant les aides éducateurs et les surveillants dans les établissements scolaires. Les éducateurs de rue qui relèvent de la compétence directe des Conseils généraux, doivent prendre toute leur place dans ce dispositif aux côtés des municipalités, des médiateurs et des associations qui occupent le terrain jour et nuit. Et vous pouvez vous enorgueillir de 7% d’augmentation du nombre de postes en 2005, il n’empêche que 148 éducateurs pour un département de 1,4 millions d’habitants, c’est totalement insuffisant. C’est 27 fois moins que les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie. A l’image des 15 associations de prévention spécialisée pour 36 communes ou encore des 105 médiateurs éducatifs pour 91 collèges.

3. Une priorité à l’éducation pour favoriser la réussite de tous

Les élus socialistes veulent ramener les effectifs à 15 élèves par classe dans les établissements prioritaires, combattre l’échec scolaire en soutenant et valorisant les projets des équipes pédagogiques innovantes, adaptés au rythme de chaque enfant. Ce sont aussi des collèges à taille humaine, 400 à 500 élèves et non 700 ou plus. Et nous n’acceptons pas votre vision de la discrimination positive, individuelle en aidant ceux qui selon vous le mériteraient et sans que vous disiez ce que vous feriez des autres. Les uns “ méritants ” à l’école et pour les autres, l’incarcération ?

Mais l’ambition éducative ne peut s’arrêter aux frontières de l’école ou du collège. Elle passe par un soutien individualisé, le développement de l’éducation populaire, le soutien aux activités sportives, culturelles, collectives ou familiales qui contribuent à l’épanouissement de chacun. Nous devons y engager pleinement notre département. Et nous vous demandons de mettre en place enfin des bourses pour les collégiens. Des “ cellules de veille éducative ” doivent être généralisées pour mettre fin au gâchis qui consiste à ces milliers de “ perdus de vue ” qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification dans notre département. Nous voulons aussi un service national civil obligatoire de 6 mois pour les garçons et les filles. Et nous nous élevons contre tout projet visant à remettre en cause l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans.

4. Une mobilisation pour l’emploi et contre les discriminations

Nous demandons le rétablissement immédiat du dispositif emplois-jeunes mais aussi que notre département s’engage enfin au sein des missions locales comme je ne le cesse de le répéter depuis 11 ans au sein de notre assemblée Nous demandons une sanction exemplaire et systématique des discriminations par le renforcement des services de police et des moyens de la justice chargés de réprimer les comportements hors la loi.

Nous voulons un volontarisme républicain fondé sur des critères sociaux, et en aucun cas ethniques ou religieux, pour assurer la promotion sociale de jeunes des quartiers populaires.

5. lutter contre les inégalités territoriales si criantes dans notre département

A l’image de la répartition des familles dans le cadre du PDALPD ou encore des logements sociaux, puisque dans les deux cas, certaines communes ne remplissent absolument pas leurs obligations de solidarité reportant ainsi sur les autres, le logement des personnes en difficulté mais aussi les classes moyennes. Il faut en finir avec les ghettos, ceux des quartiers dits “ sensibles ” comme ceux qui concentrent tous les privilèges, les logements de standing inaccessibles à plus des 2 tiers de la population, les sièges sociaux qui créent tant d’inégalités de ressources entre collectivités.

Notre département doit donner de nouveaux moyens d’agir pour les communes qui ont d’importantes charges liées à leur population et une faiblesse de leurs ressources par manque de taxe professionnelle.

Il n’y a pas de citoyens de seconde zone. Nous voulons porter la parole de ceux qui souffrent et répondre à leurs aspirations par de nouvelles conquêtes sociales et de nouvelles conquêtes démocratiques, et notamment la démocratie participative et le droit de vote aux élections locales des résidents étrangers.

L’autorité de l’Etat ne sera pas rétablie et respectée sans une puissance publique volontaire, des services publics forts, des professionnels quotidiennement sur le terrain. Nous voulons que notre département soit à la pointe de ce combat.

La France ne gagnera pas le combat contre la violence en baissant les impôts des plus favorisés, en asphyxiant les communes pauvres, en supprimant la priorité à l’éducation, en précarisant les salariés. Elle peut le gagner forte d’une mobilisation précoce, intense, permanente et de la volonté de bâtir une société plus juste.

Nous ne devons pas oublier et attendre la prochaine flambée de violence. L’avenir de notre jeunesse, de nos villes, de notre département, de la France se joue là, maintenant, par un long travail quotidien. Passé le retour à un calme apparent, serons-nous encore sourds, aveugles, enfermés dans nos propres ghettos d’égoïsme. Saurons-nous revenir à notre République, réformer nos institutions qui restent à côté de la réalité ? Saurons-nous moderniser nos services publics sans les détruire.

Cette crise est liée à la crise sociale de toute notre société et ne se limite pas à une géographie de quartiers. La France tout entière se déchire, se divise, se laisse aller au communautarisme et au repli sur soi. Elle tourne le dos à son avenir, à sa jeunesse, à l’Europe. Oui, les événements récents peuvent nous ouvrir les yeux, nous redonner une vision, une volonté. Certes l’ordre républicain doit être restauré mais sans le dialogue et le respect pour apaiser et la solidarité et l’éducatif pour avancer, nous ne pourrons pas redonner tout son sens au pacte républicain. Tout ce qui ira dans ce sens aura le soutien des socialistes. Mais comptez sur notre détermination : nous combattrons tout ce qui alimente les injustices.

> Pascal BUCHET : Il faut répondre à l’urgence sociale ! JPL
Message déposé le 28 avril 2006.  

"Démocratie naissante", "démocratie adulte", vous avez dit CULTURE !

Dans une « démocratie adulte », la libre affirmation de son identité va de pair avec la condition de citoyen. L’accession à la citoyenneté s’opère par la revendication de la libre affirmation de son identité si dans « les démocraties naissantes » son acception est plus abstraite. Les citoyennes et les citoyens des démocraties adultes n’idéalisent plus leur citoyenneté : ils la veulent concrétisée dans des droits spécifiques. L’histoire a-t-elle forcé à l’évolution ? La prise de conscience des ségrégations, des inégalités de fait malgré l’égalité de droits a-t-elle poussé à cette mutation ? Les « démocraties adultes savent bien que le concept de citoyen cache des discriminations. Les lois, les normes ne sont-elles pas en fait conçues pour un citoyen blanc, quinquagénaire, hétéro et judéo-chrétien ?

En réaction, pour un rééquilibrage, le glissement de la notion de citoyenneté vers celle d’identité semble s’opérer progressivement depuis quelques dizaines d’années. Certes l’individualisme est inhérent à la nature humaine, mais, dans les démocraties naissantes, il se subordonne plus à l’idéal commun, aux convention sociales. En quelque sorte la citoyenneté a le dernier mot sur l’individualisme. Dans les démocratie contemporaines c’est l’accomplissement personnel qui est à l’ordre du jour.

Dans un tel cadre, les valeurs politiques ne se déclinent-elles pas au profit de préoccupations relevant de la sphère privée ? Alexis de Tocqueville soulignait la propension qu’ont les individus des démocraties naissantes à travailler à leur similarité. Une sorte d’individualisme démocratique qui se distingue de l’Ancien régime où prévalait la disparité des conditions. De même Marcel Gauchet précise que dans les démocraties naissantes ce qui compte c’est « la tendance à la réduction de l’altérité dans l’espace humain ». En fait, dans les « démocraties adultes » et/ou « adulescentes » ce qui compte n’est-ce pas l’égalitarisme par la revendication de l’identitaire et non l’égalitarisme par l’effort de similitude et de citoyenneté ? A la base de toute cette évolution se trouve être fondamentalement la nature humaine. Quel que soit l’effort de la société pour rendre les citoyens égaux et semblables, l’orgueil des individus ne cherchera-t-il pas toujours à échapper et à essayer de créer des situations de diversification dont il profitera ne serait-ce qu’un court laps de temps ? De nos jours n’est-on pas d’autant plus égaux que nous sommes irrémédiablement différents ? Et de plus, il est impossible de faire valoir un profil plutôt qu’un autre. Encore faut-il veiller à ce que cette tendance identitaire de la citoyenneté ne se tourne pas contre l’unité républicaine et démocratique. La revendication de l’identité est pour le citoyen la réponse à un idéal de liberté et d’égalité dans la conciliation de ces deux principes de la République démocratique. Mais il nous faut inventer un modèle qui ne conduise pas la valorisation des identités au conflit entre les individus. L’unité de la société ne peut plus se concevoir sur un effort d’homogénéisation mais sur une volonté de communication et d’information. A la différence des « démocratie naissantes » qui travaillent à réduire les différences, les « démocraties adultes », elles, les valorisent quand elles ne les stigmatisent pas. Dans une « démocratie naissante » l’autre c’est le prochain, dans les « démocraties adultes » c’est l’alter ego. A l’ère de la mondialisation connaître les autres ne nous fait ni mieux les apprécier ni mieux les comprendre. « Avec la mondialisation de l’information, le moindre événement est rendu visible, et apparemment plus compréhensible, pour autant, il n’y a pas de lien direct entre l’augmentation du nombre d’informations et la compréhension du monde. Telle est la nouvelle donne du siècle qui s’ouvre : l’information ne crée pas la communication » . La mondialisation de l’information met en place un patrimoine culturel et non une culture mondiale. On assiste plus à une mondialisation des industries culturelles qu’à la naissance d’une culture mondiale. Plus que de faciliter l’accès de chacun à la culture il s’agit de transformer un patrimoine multiculturel en culture en ciment national. La question de la diversité culturelle, celle du multiculturalisme, celle de l’exception culturelle ne sont plus des questions de riches, mais bien les conditions de la paix de demain » . Dans les « démocratie naissantes » la culture participe donc de l’élaboration d’une norme commune. Dans les « démocraties adultes » la culture définit une espèce de cosmopolitisme qui ne se veut pas fédérateur ou ne peut pas l’être. La dialectique entre information, communication et culture n’est-elle pas totalement remise en question ? Il s’avère nécessaire de penser « une catégorie intellectuelle encore inédite qui corresponde à ces nouveaux rapports entre communication,culture et identité culturelle, et qui permette de distinguer les enjeux techniques et économiques des enjeux plus politiques » souhaite Dominique Wolton.

La culture est donc aujourd’hui l’affaire du politique en ce sens qu’elle peut défaire la cohésion sociale essentielle au dispositif républicain. Alors qu’il est question d’organiser et pérenniser le vivre ensemble on tarde à ne consacrer que moins de 1% du budget national à ce domaine. De plus on l’enferme dans l’exception française. Est-ce le meilleur parti pour lui permettre de jouer son rôle dans la « démocratie adulte » ?. Peut-on continuer éternellement à définir la politique culturelle comme celle de la sauvegarde des espèces menacées ? Le Ministère de la Culture doit-il continuer à être essentiellement le Ministère des « Beaux Arts » ?. Si nous refusons de considérer la Culture comme essentielle dans les temps démocratiques n’assisterons-nous pas à une explosion sociale plutôt qu’ à une intégration ? L’enjeu c’est de régler l’harmonie du triangle : identité-culture-communication. Identités culturelles ? Oui. Citoyenneté ? Oui aussi et en même temps ! Cohésion nationale ? Oui, aussi ! Certes, l’idée d’une norme n’est pas obsolète, mais elle ne peut plus se penser que dans le cadre de l’expérience, de la pratique multiculturelle. A ce titre, avec cette ambition, identité ne peut évidemment pas se penser comme « crispation identitaire », « repli sur soi », assignation à résidence ». Il faut aider à construire des « identités culturelles » relationnelles ! Cela suppose un projet politique qui transcende les différentes problématiques culturelles et identitaires. Un travail parallèle sur un thème commun dont les productions sont autant de reconnaissances mutuelles, de partages, de communications, de fabrications culturelles, d’occasion de cimenter la cohésion sociale. Avec « l’identité culturelle relationnelle » on est moins dans l’affirmation de soi que dans la recherche d’un mode de cohabitation. Les différentes collectivités, au-dela de la reconnaissance de leur spécificité, admettent ainsi l ‘adhésion à certaines règles pour transcender leurs différences. L’UNESCO appelle cela le « pluralisme constructif ».

Si la Démocratie a été successivement politique puis sociale, au XXI ème siècle, elle sera culturelle au sens où les individus et les collectivités reconnaîtront des multiplies identités culturelles et l’obligation de penser leurs relations sur un mode politique, c’est à dire sur un mode qui garantisse à la fois les identités et offre le moyen de les transcender.

Ainsi, une politique culturelle, fut-elle locale ou nationale, ne doit-elle pas veiller à la juste définition des identités, par les tenants eux-mêmes, bien loin des caricatures identitaires ? Ainsi l’identité devient une condition de la cohésion sociale et non plus un obstacle, plus une valeur refuge mais une valeur de relation. Si jadis, la cohérence nationale se trouvait par la neutralisation de l’altérité, aujourd’hui elle est conditionnée par sa redécouverte. Tout un programme. Voilà ce que m’inspire le dit et le non dit.

> Pascal BUCHET : Il faut répondre à l’urgence sociale ! LEROY JP
Message déposé le 28 avril 2006.  

Des démarches de reconnaissance s’imposent

__La crise des banlieues, comme la bataille du CPE mettent à l’ordre du jour la réflexion sur la Pédagogie de l’action__ dès que l’on pense à agir avec les jeunes et/ou en direction des jeunes.

Si la crise des banlieues avait inquiété par le fait que le monde adulte pouvait se laisser aller à penser que la jeunesse s’exprimait le plus souvent par la violence, la lutte pour la suppression du CPE nous a donné l’image d’une jeunesse active, capable de s’organiser, de recueillir respect et soutien des autres générations, déterminée dans l’objectif à atteindre.

Les jeunes méritent en effet tout notre respect.

S’il est des étapes dans le développement de la pensée, la compréhension s’installe très tôt avec d’autant plus de mérite que la tendance générale du monde adulte irait plutôt vers l’étouffement et que les conditions économiques générales repoussent l’âge de l’autonomie bien après la fin des études.

En effet, les jeunes comprennent très tôt les enchaînements logiques. Il en est même à se demander si l’exercice de la réflexion philosophique n’est pas repoussé un peu tard dans la scolarité, à la dernière année de l’enseignement secondaire. Ne peut-on pas réfléchir plus tôt et dès « l’âge de raison » à moins que nous soyons inconsciemment méfiants de toute émancipation ? Il fallait voir ,sur les plateaux de télévision, les jeunes adultes réagir, quand des hommes d’âge mûr, fussent-ils éminent Philosophe ou syndicaliste, émettaient des doutes quant aux capacités des jeunes collégien(ne)s à comprendre la situation.

En effet les jeunes méritent que nous adoptions une pédagogie moderne dans notre action de formation des futurs citoyen(ne)s.

Le plus souvent, les jeunes se révèlent dans l’action concrète. Dès 1930 le père de la pédagogie moderne, Célestin Freinet, appelait à rendre les élèves acteurs de leur formation en les amenant à produire. De nos jours, au cours de démarches d’initiation et de formation citoyenne, cela nous impose de réunir les conditions pour que les jeunes de nos quartiers soient en situation de production concrète socialement utile donc socialement reconnue. C’est de l’utilité que procède la reconnaissance et par là même le développement, la formation, l’émancipation. La citoyenneté ne s’enseigne pas de façon ex-cathedrae mais par la pratique.

Socialement utile ? Utile aux autres, répondant à un besoin d’une catégorie sociale autre que la sienne. Nous sommes loin de l’organisation du séjour à la neige par un groupe d’ados pour eux-mêmes. Les exemples concrets ne manquent pas et peuvent être recensés dans des domaines aussi divers que l’aménagement d’espaces, le service aux personnes âgées, l’organisation de sorties éducatives pour plus jeunes, l’organisation de spectacles en tout genre, la réalisation d’une œuvre d’art, etc.

Quoi de plus simple, il suffit de la volonté politique !

> Pascal BUCHET : Il faut répondre à l’urgence sociale ! LIOTARD GEORGES
Message déposé le 3 février 2006.  

Comment répondre à l’urgence sociale si on ne s’attaque pas enfin aux grands bouleversements qu’il faut opérer. Mais le parti socialiste est -il capable de se remettre en question et remettre en question le capitalisme ? Je ne le crois pas en tout cas pas la plupart de ses chefs. Les politiques menées jusqu’à présent par les uns et les autres sont- sur le fond- assez similaires. Certe il y a des "tons" différents mais le fond est le même. La meilleures preuve est que les grandes réformes sur la santé , la retraite, le parti socialiste les a laissé faire à la droite. Nous n’avons pas oublié que le parti socialiste n’a pas abrogé la réforme Balladur sur les retraites du privé ce qui prouve bien qu’il a la même vision que la droite sur la chose. C’est dommage car il y aura encore beaucoup de misère et de souffrances avant que LE MOUVEMENT POPULAIRE SOIT SUFFISAMMENT FORT pour prendre sa destinée en main et promouvoir les bonnes réponses !

Chateaurenard en Provence le 3 02 06

LG